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PERSONNE N'A RIEN DIT A LA CIGOGNE

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Adaptation et lecture mise en espace des monologues de

la Supplication 

de Svetlana Aleksievicth

Commencer une histoire avec de la chaleur humaine, de la vodka, de la musique, c’est déjà nous dire qu’il fait bon vivre ensemble. Nous avons besoin de faire société. On boit donc, on semble se perdre dans la banalité de bavardages chaleureux. Un chien va et vient, attrapant au passage les caresses des spectateurs, sorte de repères rassurant.

Et puis des rumeurs cocasses commencent à circuler à propos d’un danger invisible, matière à conversations, matière à sourires. Acteurs, spectateurs se croisent, une proximité qui associe le public à la réalité de la représentation. Les rythmes d’une danse cosaque démarrent l’installation de l’espace partagé avec le public : une table se dresse.

On y pèle des pommes de terre pour fabriquer de l’alcool, parfois un acteur laisse s’échapper un commentaire sur la situation qu’il traverse, peut-être cette même pensée qui traverse le spectateur. Le chien, par hasard attentif aux acteurs, témoigne de la place du non humain dans cette catastrophe. Une polyphonie de voix naît, le chœur d’un village, un opérateur de cinéma parle, des chasseurs à jamais hantés par le regard d’un caniche qu’on n’aura pas pu achever par manque de balles. Fragmentée, la « voix solitaire » de la Supplication raconte son amour infini. La musique tourne, comme l’alcool, on danse, on rêve, on rit malgré tout pour finir par se quitter comme on s’est retrouvé. Avec humanité.

Je me suis posée la même question que les acteurs assis à leur table :

qu’est ce que je faisais le 26 avril 1986, à 1H 27 du matin....

 

26 avril 1986…

L’URSS s’apprêtent à fêter le 1° mai.  

 

 

En 2015, je découvrais en écoutant une émission de radio, des extraits de monologues de la Supplication. J’écoutais l’auteure parler.
Un monde incroyable prenait vie dans mon imaginaire. J’explore depuis, ces confessions, cherchant la meilleure des formes à mon sens pour faire entendre cette parole universelle. J’ai cherché dans tous ces récits comment ces hommes et femmes parvenaient malgré tout, à surmonter leur réalité, d’où venait cette force qui les maintenait en vie, malgré les souvenirs, les douleurs, la fatalité. Et, puis , j’ai rêvé des moments de fêtes insouciantes du temps où leur nation était la sacro sainte puissance, leur mère patrie, du temps où nous-même ignorions tout. 

Personne  n’a rien dit à la cigogne propose  la mise en espace et le montage de certains monologues extraits de la Supplication.

 

Vrais héros ou héros en puissances, les oubliés de Tchernobyl ont été et restent les dindons d’une farce tragique, en état de choc permanent.
Aujourd’hui, vivants dans un monde de science -fiction, sur une terre- laboratoire, ils forment une communauté d’une profonde humanité.

Extraits:

Au moment du départ, j'ai mis dans une sacoche un peu de terre de la tombe de ma mère. Je suis resté à genoux :

« Pardonne-moi de te laisser. » Je suis allée là voir la nuit et je n'avais pas peur. Les gens inscrivaient leurs noms sur leurs maisons, sur les poutres, sur les palissades, sur l’ asphalte.

....

Amis ne pleurez pas! pendant tant d'années nous avons été des kolkhoziennes progressistes, des stakhanovistes, nous avons survécu à Staline et à la guerre.

Si nous n'avions pas ri,

si nous ne nous étions pas amusés

nous nous serions pendues.

Avec :

BÉATRICE COURCOUL - CYRILLE LAURENT - CATHERINE LEGRAND - SOPHIE ZANONE -

Adaptation - mise en scène :

PASCALE KARAMAZOV

Création vidéo :

CATHERINE LEGRAND

Création sonore:

SEBASTIEN RAIMONDO

Photos :

ALMA KARAMAZOV

FLUID CORPORATION

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